Les Sceptiques anglo-saxons

Voici une brève présentation des principaux sceptiques médiatiques anglo-saxons. Bien que la plupart d’entre eux ne soient pas connus en France, les sceptiques francophones se réfèrent souvent à ces auteurs. Ces sceptiques anglo-saxons sont-ils des sceptiques honnêtes et objectifs ou sont-ils des pseudo-sceptiques ? Ayant nous même analysé la plupart de leurs travaux, et les ayant comparé aux données scientifiques actuelles, nous avons souvent découvert de larges approximations et des erreurs mettant en évidence les pré-supposés d’une lutte militante contre toute recherche scientifique portant sur les phénomènes réputés paranormaux. Malheureusement, de nombreux sceptiques francophones, ne vérifiant par la pertinence de ces travaux, diffusent eux aussi ces approximations et ces erreurs. Il convient donc de toujours garder un esprit sceptique et zététique… même face à ceux qui se disent des sceptiques.

Susan Blackmore, Ph.D.

Susan Blackmore est membre du CSICOP. Elle a reçu le CSICOP Distinguished Skeptic Award en 1991 et est l’une des sceptiques les plus connues des médias britanniques. Elle a démarré sa carrière en faisant de la recherche en parapsychologie en s’en est retiré pour se consacrer à l’étude des « mèmes », dans la lignée du théoricien Richard Dawkins. Elle a écrit plusieurs livres dont Beyond the body : an investigation of out-of-body experience et même a personnellement vécu une sortie hors-du-corps. Elle combine ses convictions sceptiques avec la pratique du bouddhisme Zen et la consommation de cannabis. Elle enseignait à l’Université de l’Ouest de l’Angleterre à Bristol qu’elle a quitté en octobre 2001 pour poursuivre une carrière free lance dans les medias. Son bestseller controversé The Meme Machine a été publié en 1999. Son livre le plus récent est Consciousness – An introduction. Elle est souvent présentée par certains sceptiques comme étant l’exemple typique d’une parapsychologue devenue sceptique. La réalité est pourtant bien différente. Blackmore effectua quelques expériences de parapsychologie en tant qu’étudiante (durant deux ans) et pensa ne pas obtenir de résultats. Pourtant, quelques années plus tard Rick Berger analysa ses résultats et trouva plusieurs erreurs dans ses calculs, menant à des résultats non significatifs alors qu’ils l’étaient bien ! Balckmore explique que la recherche en parapsychologie engendrait chez elle une dissonance cognitive trop difficile à gérer. Elle a péféré cesser de travailler dans ce domaine tout en indiquant clairement qu’elle ne sait pas si ces phénomènes existent.

Richard Dawkins, Ph.D.

Membre du CSICOP, lauréat du Prix « In Praise of Reason » du CSICOP en 1992. Il est Professeur de « Public Understanding of Science » à l’Université d’Oxford. Dawkins est un écrivain de talent, doué pour la métaphore et renommé pour ses livres sur la théorie de l’évolution, en particulier pour sa théorie sur les gènes singuliers. Certains l’ont comparé à T.H. Huxley, connu comme « le bulldog de Darwin », pour sa défense active du darwinisme. Il a également été décrit comme un scientifique fondamentaliste. Il est l’un des opposants les plus zélés à la religion en Grande Bretagne, militant pour son éradication. Dans son discours d’acceptation pour sa distinction en tant qu’ « Humaniste de l’Année » en 1996, il a dit : « Je pense que l’on peut considérer que la foi est un des plus grands maux du monde, comparable au virus de la petite vérole mais plus difficile à éradiquer ». Il est sans compromis dans son attitude vis-à-vis de ceux avec qui il est en désaccord. Il réussit en effet parfois à censurer la publication d’opinions qu’il désapprouve. Il rejette habituellement les phénomènes psychiques comme illusoires « Le paranormal c’est de la foutaise. Ceux qui essayent de le vendre sont des fraudeurs et des charlatans »(Sunday Mirror, 8 février 1998). Néanmoins, Dawkins concède qu’un intérêt pour ce sujet pourrait avoir un côté positif : « L’assez singulière popularité du paranormal, pourrait être à la base d’un encouragement. Je pense que la soif de mystère, l’enthousiasme pour ce que nous ne comprenons pas, sont sains et doivent être poursuivis. C’est la même soif qui motive le meilleur de la vraie science, et c’est une soif que la vraie science est mieux qualifiée pour satisfaire » (1996 BBC Dimbleby Lecture).

site web : https://www.richarddawkins.net/

David Deutsch, Ph.D.

David Deutsch au Centre for Quantum Computation au Laboratoire Clarendon à l’Université d’Oxford. A l’automne 2001, il a dénoncé un collègue chercheur en physique quantique, Brian Josephson, car il avait suggéré que la physique quantique pourrait conduire à l’explication de « processus toujours incompris dans le cadre de la science conventionnelle telle la télépathie ». Deutsch affirmait : « C’est extrêmement absurde. La télépathie n’existe simplement pas » (The Observer, 30 septembre 2001). Josephson, lauréat du prix Nobel de physique, avait fait ce commentaire à propos de la télépathie dans un fascicule édité par le Royal Mail à l’occasion de l’édition de timbres émis pour marquer le 100ème anniversaire des Prix Nobel. Deutsch déclara : « Le Royal Mail s’est laissé invité à supporter des idées qui sont un non sens total ». Mais Deutsch propose une double attitude concernant le besoin de preuves scientifiques. Il est un partisan de la théorie selon laquelle il existe des millions d’univers parallèles au nôtre, théorie exposée dans son livre The Fabric of Reality : The Science of Parallel Universes. Il spécule également librement concernant le voyage dans le temps. Il n’existe pourtant aucune preuve concernant ces phénomènes.

Site web : http://www.daviddeutsch.org.uk/

Chris French, Ph.D.

Chris French paraît souvent à la radio britannique et à la TV dans le rôle du « sceptique informé ». Il est l’éditeur du magazine « The Skeptic », une publication des sceptique britanniques et irlandais, produite et distribuée par CSICOP. Il est égament chef du Département de Psychologie au Goldsmith’s College à l’Université de Londres, où il dirige l’unité de recherche de psychologie anomalistique. Le but de cette unité est de rechercher « pourquoi les gens croient au paranormal » et a « seulement un intérêt secondaire dans le fait de savoir si, dans de rares occasions, le psi peut véritablement opérer ». French ne se fait pas d’illusion concernant les préjugés de la plupart de ses collègues. « La plupart des psychologues peuvent raisonnablement être décrits comme des sceptiques non informés concernant le champ du paranormal – une minorité pourrait être décrits comme des bigots ». (The Skeptic, 14 (9)). Il est aussi plus conscient que la plupart des sceptiques concernant ses propres préjugés. Comme il l’a écrit dans The Skeptic, 14(4) « Je suis partial dans mon approche de la preuve concernant le paranormal… Je ne revendique pas la qualité de juge neutre de la preuve ». Il adopte le point de vue selon lequel un débat ouvert concernant l’existence du psi « est plus étoffé si on part du principe que le psi est une puissante illusion, dont la compréhension nous demande de progresser, plutôt que dans l’idée qu’il est réel ». Néanmoins, il concède que : « Nombre de programmes les plus sophistiqués d’expériences en parapsychologie sont facilement à égalité avec les meilleures études psychologiques. En outre, certains parapsychologues semblent produire la preuve soutenant l’existence de forces paranormales à partir d’expériences apparemment bien contrôlées. A la fin, conclut-il, seul le temps le dira ». Chris French montre ainsi qu’il est possible de proposer une approche sceptique universitaire qui soit neutre et qui ne tombe pas dans la désinformation et le mépris.

Site web : http://www.gold.ac.uk/psychology/staff/french/

Martin Gardner

Martin Gardner était membre fondateur de CSICOP, et a été décrit comme « le plus puissant et le plus singulier antagoniste du paranormal dans la seconde moitié du 20ème siècle ». Il écrivait régulièrement une colonne dans le Skeptical Inquirer jusqu’à sa retraite en 2002, et a publié des douzaines de livres, y compris son classique « Fads and Fallacies in the Name of Science ». Ses attaques sont souvent amères, utilisant la dérision et la critique ad hominem. Pourtant, d’une façon toute à fait singulière, et contrairement à la plupart sceptiques, il n’est pas athée. La motivation de Gardner est religieuse. Comme il l’explique dans son livre The Whys of a Philosophical Scrivener, il croit en Dieu, au pouvoir de la prière et à la vie après la mort. Dans une étude approfondie de l’œuvre de Gardner, Georges Hansen, dans son livre The Trickster and the Paranormal (2001) soutient que la position de Gardner peut être attribuée à son fondamentalisme d’adolescent protestant et à sa conviction que les réalités de la science et de la foi devraient être nettement séparées. Il s’oppose avec force à l’utilisation de la science pour aborder les faits religieux. Il est en harmonie avec le CSICOP parce qu’il ne fait pas réellement de la science. A la place, il ridiculise toute tentative d’étudier scientifiquement le paranormal et déprécie les chercheurs en parapsychologie afin d’assurer leur statut marginal. Il décrit le paranormal comme trop « impropre » et « inconvenant » pour faire partie de la culture de l’élite. Ses écrits, ses actions et sa vie constituent un important cas d’étude quant à la manière dont les tabous continuent à être soutenus.

Nicholas Humphrey, Ph.D.

Nicholas Humphrey est psychologue évolutionniste et Professeur à la London School of Economics. De 1992 à 1995, il a tenu le Perrot-Warrick Research Fellowship for Psychical Research à l’Université de Cambridge. Il n’a pas fait de recherches psychiques mais affirme avoir prouvé sur des bases théoriques que des phénomènes comme la télépathie sont impossibles. Pourtant, ses raisonnements ont eu peu de succès. Même sa collègue sceptique, Susan Blackmore, a considéré sa dépréciation de la preuve expérimentale de la télépathie comme étant fallacieuse. Dans une revue de son livre dans le New Scientist, elle écrit : « La recherche la plus connue en parapsychologie actuellement utilise la technique Ganzfeld, une sorte de privation sensorielle partielle réputée accroître l’ESP. Humphrey résume en deux pages ces recherches et les réfute par une récente analyse, non publiée, qui suggère un biais. Ceci est incorrect étant donné le fait que la technique Ganzfeld a été utilisée pendant deux décades, a reçu une publicité énorme et a été soigneusement critiquée à la fois dans et au-delà de la parapsychologie – sans qu’aucun consensus soit atteint. Humphrey pourrait bien avoir raison dans le sens où quelque chose autre que la perception extrasensorielle est responsable des résultats, mais nombre de personnes, de loin plus instruites que lui, n’ont pas réussi à trouver de quoi il s’agit ».

site web : http://www.humphrey.org.uk/

Mike Hutchinson

Mike Hutchinson est un des sceptiques les plus extrêmes. Il est le représentant pour le Royaume Uni du CSICOP et co-auteur (avec le journaliste Simon Hoggart) de Bizarre Beliefs (1996) dans lequel il effectue un large travail critique concernant le paranormal. Même le sceptique Richard Wiseman a trouvé certaines parties du livre « quelque peu superficielles » et noté que des sources n’étaient pas citées dans la plupart des cas, tandis que « certains chapitres manquent de précisions pourtant nécessaires ». De la même manière, il conclut dans le Journal of the Society for Psychical Research (avril 1996) que le livre « mérite une place à la fois dans nos bibliothèques et dans nos toilettes ». Hutchinson est également le représentant pour le Royaume Uni de Prometheus Books, dont la liste comprend, en plus de quelque cinquante volumes démythifiant, des titres aussi « libertaires » que Rencontres Sexuelles d’Enfants avec des Adultes, Cannibalisme : du Sacrifice à la Survie et les Mémoires du Commandant SS à Auschwitz.

Ray Hyman, Ph. D.

Ray Hyman est Professeur émérite de psychologie à l’Université de l’Oregon. Il a pris part à l’Executive Council du CSICOP. Hyman a également été magicien professionnel. Il est considéré comme le critique majeur de parapsychologie académique aux Etats-Unis. Sa critique du Ganzfeld est probablement la plus connue, bien qu’Honorton (1985) ait été en mesure d’en fournir une réfutation détaillée. Hyman et Honorton ont par la suite collaboré à un communiqué conjoint qui recommandait certaines normes pour le ganzfeld. Malgré la reproduction de ce protocole avec ces normes par plusieurs laboratoires inédependants, et contrairement à ce qu’il avait affirmé au préalable si cela se produisait, Hyman n’a jamais revu sa position. Il a poursuivit durant des années deux types d’attitude proposant à la fois quelques critiques techniques et scientifiques tout comme refusant la légitimité de la parapsychologie auprès des médias.

Paul Kurtz

Paul Kurtz est Président du CSICOP et également le Fondateur et Président du Council for Secular Humanism. Il est aussi l’Editeur en Chef de Free Inquiry magazine. Il est profondément attaché à une idéologie humaniste séculaire et holistique, dont il se fait l’un de ses éminents défenseurs publics. Il se présente ainsi : « Nous sommes les défenseurs héroïques de la science et de la raison » a-t-il dit au New-York Times (19 juin 2002). Le quartier général de CSICOP, le Center for Inquiry d’Amherst, dans l’état de New-York, est également le quartier général du Council for Secular Humanism. L’opposition inlassable de Kurtz aux revendications du paranormal fait partie d’un programme idéologique plus vaste. Il n’est pourtant pas scientifique mais philosophe. Selon lui, le rôle primordial du mouvement sceptique est d’éduquer le public. Dans ses réflexions sur 25 années au CSICOP (Skeptical Inquirer, juin/août 2001), il a écrit : « La question de base que nous devons poser est : pourquoi les croyances au paranormal persistent-elles ? »

David Marks, Ph.D.

David Marks est membre du CSICOP. Il est Professeur de Psychologie et Directeur de recherches au Center for Health and Counselling, City University, Londres. Il est l’auteur de « Psychology of the Psychic » (2000), une édition revue du livre du même titre écrit avec Richard Kamman en 1980. Marks déplore le fait que « plus de trente éditeurs ont été approchés avant que les Prometeus Books acceptent de publier ce livre ». Marks a affirmé à plusieurs reprises que des fonds ne devraient pas être gaspillés pour des sujets « relativement triviaux » comme l’ESP, mais utilisés en remplacement à l’USP – problèmes urgents et sérieux (tels que la croissance de la population et la pauvreté). Il pense donc que le psi ne devrait pas être étudié, principalement parce que d’autres questions sont plus importantes. Bien qu’il affirme qu’il ne refusera pas de changer au cas où une preuve requiert un changement, il a prévu une formule pour qu’une telle preuve ne se produise jamais. Si l’évidence est positive, c’est soit « imparfait » ou, alors, cela demande « des réplications et de plus amples analyses ». Si elle est négative, elle est acceptée sans critique. Marks semble rétif à toute preuve positive de n’importe quelle espèce de phénomène psi. Par exemple, commentant les expériences de remote viewing conduites par Harold Puthoff, Russell Targ et Edwin May (subventionnées pendant plusieurs années par diverses agences gouvernementales américaines), il les rejette toutes comme « fausses de diverses manières ». Dans un chapitre titré « The Sloppiness Continues », Marks mentionne des résultats positifs d’expérience de remote viewing rapportés par Marilyn Schlitz et Elmar Gruber. Admettant qu’il s’agissait d’une réplication réussie des expériences similaires entreprises par Targ et Puthoff, Marks affirme : « Bien évidemment, nous ignorons combien d’études non significatives restent dans le fichier de l’investigateur. Si c’est une petite poignée, ce qui semble probable, la signification statistique fond simplement comme neige au soleil. » Il n’a pourtant pas la preuve de tels « effets-tiroir ». Marks a montré une fois de plus que lorsqu’une preuve négative est souhaitée pour désapprouver un résultat positif, il la crée tout simplement. Par exemple, le biologiste Rupert Shedrake est décrit comme un « paranormaliste » et un « Dr. Who tardif ». Les recherches de Targ et Puthoff quand à elles ne « ne sont rien qu’un artefact massif de pauvre méthodologie et de pensée dirigée ». Robert Morris a noté que Marks et Kamman (1980) « ont négligé les études considérées par ceux qui sont familiarisés avec le domaine comme constituant la meilleure preuve de psi » et ne cite aucune preuve en provenance de journaux de parapsychologie. Leurs preuves, disait Morris, étaient une « sélection faussée » de données, qui ne pouvait être considérée comme un relevé adéquat attestant de l’état de la recherche parapsychologique. Marks se décrit lui-même comme un incroyant et, selon lui, la probabilité de l’existence des phénomènes psi serait située entre une chance sur un million et une chance sur un trillionième de trillionième.

James Randi

James Randi est prestidigitateur (the « Amazing Randi ») et showman qui est décrit sur son site web comme « le chercheur le plus infatigable du monde en tant que démystificateur du paranormal et des positions pseudo-scientifiques ». Il a été une figure dirigeante du CSICOP, mais a dû démissionner par suite d’un litige. Carl Sagan, dans son introduction sympathique du livre de Randi, The Faith Healers (1987), le décrit comme « un homme fâché ». Son travail en tant que sceptique a attiré quantité de fonds et en 1976 il a reçu une somme de 286 000 dollars de la MacArthur Foundation Fellowship. En 1996, il a établi la James Randi Educational Foundation (JREF). Il a une attitude ambiguë envers l’autorité scientifique, déférente lorsqu’elle supporte ses croyances mais la rejetant lorsqu’elle ne le fait pas. Sur son site web, il affirme ainsi : « L’autorité ne reste pas du côté des scientifiques lorsque les émotions, les besoins et les espérances sont impliqués. Les scientifiques sont aussi des êtres humains et peuvent être trompés et se tromper ». Il ne craint pas d’attaquer des scientifiques qui témoignent de l’intérêt pour des sujets comme la télépathie, tel Brian Josephson, Professeur de Physique à l’Université de Cambridge. En 2001, lors d’un programme radio de la BBC concernant l’intérêt de Josephson envers de possibles connexions entre la physique quantique et la conscience, Randi a dit : « Je pense que cela constitue un refuge pour eux, ces vauriens de toutes sortes, lorsqu’ils se tournent vers quelque chose comme la physique quantique. » Josephson détient un Prix Nobel pour ses recherches en physique quantique, alors que Randi n’a pas de diplôme scientifique. Concernant son travail habituel, il écrit : « A JREF, nous sommes compétents en deux domaines : nous savons comment les gens se font duper par d’autres et nous savons comment les gens se leurrent eux-mêmes. Nous traitons des faits solides, basiques ». Dans une revue de son livre The Supernatural A-Z : The Truth and the Lies, sa collègue sceptique Susan Blackmore affirme que le livre « comporte trop d’erreurs pour être recommandé ». Randi a aussi été accusé d’inventer des « faits » et de fabriquer des preuves. Une fraude de cette espèce est inadmissible au sein de la communauté scientifique, mais Randi n’est pas un scientifique. Le leitmotiv de Randi dans son activité de détracteur est l’offre du « prix » d’un million de dollars pour la démonstration de « toute capacité psychique, surnaturelle ou paranormale ». Pour les détails, voir The Randi Prize. Or, le sceptique Ray Hyman a fait remarquer, en tant que membre dirigeant du CSICOP, que ce « prix » ne pouvait pas être pris au sérieux du point de vue scientifique : « Les scientifiques n’enregistrent pas les résultats sur un simple test, ainsi même si quelqu’un gagne un prix important lors d’une démonstration, ce n’est pas suffisant pour convaincre qui que ce soit. La preuve en science s’obtient par réplication, pas par de simples expériences. »

Concernant le prix Randi, voir Randi’s Challenge et Why Randi may have to pay up ainsi que A Skeptical look at James Randi

site web : http://web.randi.org/

Michael Shermer

Michael Shermer est l’éditeur du magazine Skeptic, Directeur de la Skeptic Society et l’auteur d’une colonne dans le Scientific American appelée « Skeptic ». Il apparaît fréquemment dans les medias américains en qualité de sceptique. Bien qu’il soit un historien plutôt qu’un scientifique, il se voit comme un arbitre de la crédibilité scientifique et un supporter de la pensée rationnelle : « Dans une société libre, les sceptiques protègent contre l’irrationnel. Démythifier n’est pas simplement rejeter le mystère, son utilité consiste dans l’apport d’une alternative meilleure, en même temps qu’une leçon sur la manière dont la pensée s’égare. » (Scientific American, juin 2001, p.23). Une grande part de sa prose concerne les expériences personnelles qui ont formé sa vision du monde. Il a ainsi essayé d’améliorer ses aptitudes athlétiques par différentes techniques New Age, telle l’iridologie, le rolfing et des méga-vitamines. Il a même gardé une pyramide dans son living room pour augmenter son énergie. Son scepticisme s’est ainsi développé, comme chez beaucoup de sceptiques, en réaction à sa crédulité antérieure. Il révèle aujourd’hui une attitude équivalente en crédulité vis-à-vis du courant officiel de la science. Si c’est de la Grande Science, il est même d’accord pour le clonage humain. Dans son livre The Borderlands of Science, il dégage des séries de critères pour établir la distinction entre la science réelle et les « foutaises ». Il avertit particulièrement ses lecteurs contre les gens qui ont des idéologies à maintenir, dont les schémas de pensée « ignorent ou infligent constamment des distorsions aux informations non dans des buts créatifs mais pour des programmes idéologiques ». Malheureusement, il a lui-même une idéologie à maintenir et avance des affirmations peu fiables et pseudo-scientifiques. Par exemple, dans sa colonne « Skeptic » dans le Scientific American de mars 2003, il cite une recherche publiée dans The Lancet, une importante revue médicale, par Pim van Lommel et ses collègues. Il affirma que cette étude « a porté un coup » à l’idée que l’esprit et le cerveau pourrait être séparés. Actuellement, les chercheurs soutiennent exactement le contraire, et montrent que l’expérience de conscience à l’extérieur du corps s’était produite pendant une période de mort clinique, alors que l’encéphalogramme enregistrait un tracé plat. Ainsi que l’a commenté Jay Ingram, du Canadian Discovery Channel : « Son utilisation de cette étude pour étayer son point de vue est fausse… Il aurait pu dire : « Les auteurs pensent qu’il y a un mystère, mais je choisis d’interpréter leurs découvertes différemment ». Mais il ne l’a pas fait. Je trouve cela décevant » (Toronto Star, mars 16, 2003). Pim van Lommel a écrit à l’éditeur du Scientific American en décrivant la preuve que Shermer avait erronément présentée son étude. En août 2004, Dr. Petrus Pennanen a écrit pour faire remarquer « une affirmation extrêmement non scientifique » dans un article de Shermer sur la télépathie. En novembre 2004, le Professeur John Poynton, Président de la Society for Psychical Research, a écrit pour protester contre les activités de Shermer qui sont une distorsion du concept de scepticisme. Concernant le livre de Rupert Sheldrake The Sense of Being Stared At, il a prétendu dans USA Today que « les événements que Sheldrake décrit ne demandent pas une théorie et sont parfaitement explicables par des moyens normaux » (26 février 2003). Quand il lui a été demandé de donner davantage de substance à son affirmation, il a été incapable de le faire et a admis qu’il n’avait pas lu le livre. Dans sa colonne Skeptic d’août 2004 dans le Scientific American, Shermer a lancé une attaque extraordinaire sur le physicien Freeman Dyson de Princeton. Il a pris prétexte du fait que Freeman Dyson avait publiquement conclu que les phénomènes paranormaux pourraient exister réellement, sur la base « d’une grande quantité de preuves » (New York Review of Books, 25 mars 2004) L’erreur de Dyson, selon Shermer, était d’être intéressé par les expériences actuelles des gens : « Même un génie de son importance ne peut éviter les déviations favorisées par le fait de réfléchir à partir d’anecdotes. La seule manière de déterminer si les anecdotes ressemblent à des phénomènes réels réside dans les tests contrôlés. Soit des gens peuvent lire dans l’esprit d’autres personnes (ou des cartes ESP), soit ils ne le peuvent pas. La science a démontré sans équivoque qu’ils ne le peuvent pas. CQFD. » Ceci semble une réfutation de l’opinion de Dyson, avec tout le poids de l’autorité de la science. Mais ce n’est pas vrai et ne rend pas compte des recherches de laboratoire existant à l’heure actuelle.

Richard Wiseman, Ph.D.

Richard Wiseman est membre du CSICOP, consultant du Skeptical Inquirer, et associé du Rationalist International. Il travaille actuellement au Département de Psychologie de l’Université du Hertfordshire. Sa spécialité est la psychologie du mensonge et il est l’auteur de Deception and Self-Deception : Investigating Psychics. Il est le sceptique le plus médiatique en Grande-Bretagne, où il est apparu dans des centaines de programmes TV et radio. En 1995, il a reçu la distinction de la Perrot-Warrick fellowship pour la recherche psychique et a reçu plus de £400.000 sterling de subvention. Il a été au centre de plusieurs controverses avec des chercheurs en parapsychologie et a souvent été accusé de présenter des informations faussées. En 1995, il a répliqué les résultats de Rupert Sheldrake avec un chien qui sait quand son propriétaire est sur le point de rentrer à la maison, et a alors affirmé avoir dénoncé le phénomène psychique de l’animal de compagnie. Il a été décrit par le Président de la Parapsychological Association comme motivé par « un intérêt personnel évident », et par un désir « de défendre a priori l’affirmation que tous les résultats positifs en faveur du psi sont faux, et que toutes les méthodes qui semblent indiquer une présence de psi sont erronées ». En décembre 2000, il a conduit ce qu’il a décrit comme la « plus grande expérience ESP au monde » qui, comme nombre de ses activités, était largement pourvue de publicité dans les medias. Un observateur sceptique de l’expérience affirme qu’il avait conçu l’expérience de telle sorte à ce qu’elle échoue, ayant interféré avec le processus de façon à obtenir le résultat non significatif qu’il attendait (voir O’Neill-Wiseman controversy). Richard Wiseman alterne ainsi des recherches scientifiques de qualité sur le paranormal et parfois des dérives concernant certains travaux de parapsychologie.

Site web : https://richardwiseman.wordpress.com/

Lewis Wolpert, Ph.D.

Lewis Wolpert est professeur de Biologie et de Médecine à l’University College de Londres. Il a été pendant cinq ans Président de COPUS, le Committee for the Public Understanding of Science. Il a été un dénonciateur des idées qu’il suspectait teintées de mysticisme ou de paranormal. Par ailleurs, dans le contexte de l’ingénierie génétique, il est un fervent supporter de la recherche libre : « Je considère comme éthiquement inacceptable et impraticable de censurer tout aspect de tentative de comprendre la nature de notre monde ». (Nobel website, 29 juin 2000). En 1994, comme membre du BBC Science Consultative Commitee, il a essayé d’empêcher la BBC de diffuser une série en six parties sur les « hérétiques » scientifiques comme il l’a révélé dans le Sunday Times (3 juillet 1994) « C’est une série absurde. Toute la façon dont ces programmes sont présentés peut juste mettre en rage. C’est une déviation grotesque. C’est dégoûtant. C’est juste de l’anti-science sensationnelle, or l’anti-science est seulement la rationalisation de l’ignorance ». L’aphorisme le plus mémorable de Wolpert a été : « Les esprits ouverts sont des esprits vides ». En 2001, dans un programme concernant une série d’expériences de télépathie sur la Discovery Channel, diffusé aux Etats-Unis le 31 août 2001, il affirmait que : « Il n’y a pas de preuve qu’une personne, un animal ou une chose, puisse être dotée de télépathie ». Pourtant, Lewis Wolpert n’a pas étudié les études scientifiques portant sur la question. En janvier 2004, il a pris part à un débat public sur la télépathie avec Rupert Sheldrake à la Royal society of Arts, à Londres, avec un juge de la haute Cour comme Président. Selon un compte rendu du débat dans la revue scientifique Nature : « peu de membres dans l’audience ont semblé être convaincus par les arguments de Wolpert… Plusieurs des spectateurs… ont accusé Wolpert d’« ignorer la preuve » et d’être « non scientifique » ». Vous pouvez écouter le débat online en cliquant ici, lire le texte, ou lire le compte rendu dans Nature.

web site : http://www.rationalistinternational.net/associates/l_wolpert.htm