Protocole de l’Observatoire Zététique : radiesthésie

Nous avons déjà analysé le premier protocole de l’Observatoire Zététique. Nous allons à présent étudier, plus brièvement, ce deuxième protocole.

L’OZ a décidé de mettre en place une expérience avec Francis Gatti de CASAR. L’objectif est de tester des radiesthésistes censés retrouver, à partir de son « taux vibratoire », une clef à molette qui aurait été l’objet d’une « dématérialisation et d’une rematérialisation » et/ou d’un échantillon supposé provenir du lieu d’atterrissage d’un ovni.

Nous ne reprenons pas dans le détail chaque point de l’expérience. Nous proposons une lecture du point de vue scientifique de l’expérience de l’OZ en rappelant que l’objectif de cette association est de tester des affirmations extraordinaires, et non de mettre en place des expériences scientifiques. La plupart des points abordés l’ont également été pour le protocole précédent de l’OZ :

Pas de revue de littérature : en conséquence de quoi ce que teste l’OZ apparait incohérent du point de vue scientifique.

Hypothèses sous-jacentes : pour les deux « échantillons », l’hypothèse testée implique plusieurs « hypothèses » successives qui sont pour le moins sujettes à caution :

il existe des cas « réels » de poltergeist > il y a eu poltergeist avéré > ce poltergeist a eu une « influence » sur un objet > cet objet garde une trace de ce poltergeist > un radiesthésiste peut repérer cette trace.

il existe des ovnis > un ovni s’est posé quelque part > cet ovni a eu une influence sur un échantillon > un radiesthésiste peut repérer cet échantillon.

Pas de précision du système de tirage aléatoire : comme pour l’expérience précédente, cela invalide l’ensemble de l’expérience. Il est essentiel que les membres de l’OZ comprennent qu’il est indispensable d’utiliser un système aléatoire (ou dans certains cas pseudo-aléatoire) pour faire le tirage. Il est aussi indispensable de noter ce choix dans le compte-rendu.

Pas de pré-test : pour des scientifiques travaillant sur ces questions, et qui souhaiteraient aider ces personnes à comprendre que leurs affirmations ne semblent pas cohérentes, il ne serait pas nécessaire de faire un protocole aussi élaboré et de le publier. En une ou deux heures de temps, un petit protocole pré-test très simple peut être effectué pour montrer à ces personnes qu’elles se trompent. Cela éviterait notamment à l’OZ de se retrouver avec des personnes qui investissent manifestement beaucoup un protocole qui n’a qu’une chance infime d’aboutir. Il n’est pas étonnant que ces personnes se « liquéfient » comme le souligne Henri Broch en fin de protocole. Dans le cas où ces croyances auraient un enjeu psychodynamique important, ce que fait l’OZ nous apparait même comme potentiellement déstabilisant.

Nombre d’essais insuffisant : les membres de l’OZ et les radiesthésistes raisonnent comme si ces phénomènes pouvaient se présenter sous la forme d’un signal, et en particulier d’un signal fort. Les expériences scientifiques effectuées sur cette question depuis plus d’un siècle démontrent que cette affirmation apparait comme très peu probable.

Nous souhaiterions attirer l’attention sur le fait qu’en mettant en place ce type de protocole, l’OZ risque de décrédibiliser les recherches zététiques auprès de scientifiques travaillant sur ces questions. Nous pouvons comprendre que l’OZ teste des affirmations de personnes, mais tant que l’OZ ne recoupera pas ces affirmations avec la littérature déjà existante, les travaux de l’OZ resteront sans intérêt pour les chercheurs travaillant en ce domaine.

Pour finir, voici une liste de conseils destinés à l’OZ dans le cas où ses membres souhaiteraient optimiser, dans leurs expériences, les conditions favorisant la production d’effets tels que décrits dans les publications scientifiques déjà existantes. Nous pensons que ces paramètres sont conciliables avec leur objectif initial : tester scientifiquement l’affirmation d’une personne. Nous conseillons donc à l’OZ (il ne s’agit pas d’une liste exhaustive, dans le cas d’un envoi de protocole, nous pourrions indiquer plus précisément les paramètres à prendre en compte) :

de lire quelques articles scientifiques, sur un phénomène qu’une personne prétend pouvoir mettre en évidence : cela permet d’évaluer si ce que dit la personne est cohérent. La lecture des protocoles déjà existants permet également de déterminer les paramètres les plus adaptés,

→ de davantage reprendre des protocoles déjà existants réalisés par des scientifiques (et de les adapter aux affirmations des personnes qui viennent les voir) plutôt que de créer entièrement un protocole : nous pensons que dans certains cas, cela leur fera gagner du temps plus qu’en perdre,

d’utiliser des GNA ou des pseudo-GNA pour les tirages aléatoires et de préciser ce choix dans leurs comptes rendus,

→ de ne tester qu’une seule hypothèse, la plus « économique »,

→ si la personne persiste dans une affirmation initiale, de mettre en place avec elle une petite expérience simple qui permet facilement de lui montrer que ce qu’elle dit est contredit sur le plan objectif (jusqu’à preuve du contraire bien entendu),

→ dans l’idéal, de travailler avec des sujets censés être « doués » ou « entrainés »,

→ de faire un nombre beaucoup plus important d’essais. Les effets « extraordinaires », s’ils existent, ne sont pas nécessairement des effets forts, ce sont des effets avec des tailles d’effets faibles. Nous leur conseillons de se référer aux analyses statistiques déjà existantes pour déterminer le nombre d’essais nécessaire pour pouvoir obtenir des effets,

→ de faire des pré-tests : cela permet facilement de déterminer les paramètres pouvant favoriser le phénomène, toujours en lien avec les pré-supposés de la personne testée,

Nous pensons que si les membres de l’OZ appliquent ces conseils :

→ leur approche sera tout à fait conciliable avec une approche scientifique. Leurs travaux seront donc mieux considérés par les scientifiques travaillant sur ces questions,

→ ils pourront potentiellement faire avancer les débats scientifiques sur ces questions,

→ ils aideront d’une façon plus adaptée les personnes qui viennent les voir,

→ ils attireront probablement des sujets plus « doués ». L’amateurisme de l’approche actuelle de l’OZ a certainement pour conséquence de n’attirer que les personnes les plus naïves, ainsi que semblent l’indiquer les deux premiers protocoles de l’OZ.

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